On ne sait pas encore à quoi elle va ressembler. On sait juste qu’elle s’appelle la Libra et qu’elle va débarquer dans nos vies en 2020 et que cette crypto monnaie, en plus de renouveler le business modèle de Facebook, pourrait révolutionner ni plus ni moins l’ensemble de notre rapport à l’argent.
Décryptage
La Libra, c’est une cryptomonnaie, une monnaie virtuelle. A priori donc, aucun risque d’avoir entre les mains des billets à l’effigie de Mark Zuckerberg. Quoique le fait qu’elle soit virtuelle ne la rend pas moins importante. Loin de là.
Un nouveau relais de croissance
La Libra, c’est d’abord un nouveau relais de croissance pour Facebook pour lui permettre de changer de business modèle.
Actuellement, 98% de son chiffre d’affaires dépendent de la publicité. Or, les espaces publicitaires ne sont pas infinis sur le réseau social et cette dépendance quasi totale à la publicité ne plait pas beaucoup à Wall Street non plus. La Libra pourrait ainsi permettre à Facebook de se diversifier et de générer de nouvelles lignes de revenu. Elle pourrait aussi lui permettre de redorer son blason et de retrouver la confiance des utilisateurs après les scandales à répétition liés à l’exploitation des données personnelles en 2018 (le scandale Cambridge Analytica).
Un tournant pour les cryptos
La Libra, c’est également un tournant pour le secteur des cryptomonnaies notamment grâce à la très large audience de Facebook. Plus de 2,7 milliards d’utilisateurs. La Libra pourra très facilement devenir une devise internationale, voire un moyen de paiement en dehors du circuit bancaire traditionnel, susceptible d’intéresser notamment tous les exclus du système bancaire classique notamment dans les pays émergents. Un marché qui représente quand même 1,7 milliard de personnes soit 31% de la population adulte mondiale.
Un porte-monnaie numérique : Calibra
Concrètement, les usagers disposeront sur leurs smartphones d’un porte-monnaie numérique baptisé Calibra et, directement intégré par Facebook à ses services Messenger et Whatsapp pour faire des achats, envoyer ou recevoir de l’argent.
Tout un écosystème
Mais la Libra ce n’est pas non plus qu’une monnaie. C’est tout un écosystème. Pour la lancer, Facebook s’est adossé à 27 partenaires : des géants du paiement comme MasterCard et Visa ; le leader du streaming musical Spotify ou encore les groupes de VTC Uber et Lift. On trouve aussi des groupes comme ebay, Booking ou encore l’opérateur français Free.
Objectifs
Il s’agit de maximiser l’impact de la cryptomonnaie, générer une adoption massive par les utilisateurs et évidement permettre aux différents partenaires d’avoir accès à vos données pour vous proposer de nouveaux services. Si par exemple, vous utilisez la Libra pour payer un voyage en train, Booking pourra vous proposer dans la foulée de vous réserver une chambre d’hôtel, Uber de prendre un de ses véhicules pour vous rendre à la gare, ou encore Spotify une playlist thématique sur le pays où vous vous rendrez.
Se rassurer
Et comme les cryptomonnaie sont un sujet sensible, Facebook a annoncé que la Libra sera indexée sur un panier de devises dont l’Euro et le Dollar, pour éviter les fluctuations que connaissent les autres cryptomonnaie et qu’elle sera supervisée par une organisation indépendante à but non lucratif basée à Genève.
Un tournant dans notre rapport à l’argent
Mais l’arrivée de la Libra c’est surtout un tournant dans notre rapport à la monnaie. Jusqu’à présent, battre la monnaie c’était traditionnellement le privilège des États et de leurs banques centrales, mais l’idée qu’un géant comme Facebook s’en mêle pose un certain nombre de questions notamment sur son influence sur la marche de l’économie mondiale. D’autant qu’une fois que la cryptomonnaie sera largement établie et acceptée, il sera facile pour le groupe de faire accepter l’idée de proposer de nombreux services financiers plus élaborés. Et si tout ça vous fait peur, dites-vous bien que ce n’est que le début et que Facebook n’est pas le seul à vouloir se positionner sur ce secteur. Amazon, Alibaba et Google ont également des projets de ce type dans leur carton. Il semble difficile d’imaginer ces géants rester les bras croisés pendant que Facebook se positionne ni plus ni moins comme la plus grande banque du monde.